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Votre enfant dort avec vous dans le lit : Est-ce normal ?

Par le Psychologue Ariel SIMONY
 

Ecrit le 21.02.2017

A mon cabinet, je reçois beaucoup de parents qui déclarent dormir avec un ou plusieurs de leurs enfants dans le lit conjugal.

Par choix ou par fatalité, le co-dodo ou le family-bed comme l’appellent les américains est un phénomène bien plus rependu qu’on ne pense.

Il y a peu d’études scientifiques à ce sujet, pourtant, il apparait bien que le co-dodo peut poser beaucoup de problèmes aussi bien aux enfants qu’aux parents.

La question qui se pose alors est de savoir si c’est bénéfique de dormir avec ses parents ou pas ?

 

Pour répondre à cette question, il faut comprendre l’influence du co-dodo sur l’enfant et sur les parents :

 

Sur l’enfant, le co-dodo aide à dormir plus facilement car l’enfant va se sentir entouré et donc plus en confort.
Cela lui évite de se sentir seul, d’avoir peur, de faire des cauchemars ou de se réveiller dans la nuit.

D’un autre côté, le co-dodo peut rendre l’enfant plus dépendant de ses parents.
Cela peut le ralentir dans son développement intellectuel et émotionnel. Il aurait plus de mal à affronter ses peurs. Il aurait également des difficultés à s’endormir une fois adulte et risque de souffrir d’insomnies ou du moins de troubles du sommeil.

Sur les parents, le co-dodo favorise le lien affectif avec les parents. Il constitue également un moment privilégié de discussion et d’apaisement vers le sommeil.
Certains parents se sentent rassurés d’avoir leurs enfants dans leurs lits car cela assouvi leur désir de protection. Cela facilite également leur sommeil dans la mesure où ça leur évite de devoir se lever au milieu de la nuit pour rendormir leurs enfants.
D’un autre côté, le co-dodo perturbe considérablement l’intimité des parents.
Cela conduit à devoir programmer le moment d’intimité du couple. Il réduit la place et valeur du couple considérant que la chambre à coucher n’est plus un lieu privilégié pour le couple.
Cela risque également de diminuer l’autorité parentale dans la mesure où les parents réduisent leur différence avec l’enfant par une sur-proximité physique.
Proximité qui est susceptible d’engendrer un trouble de la relation parent-enfant et qui peut se répercuter sur la relation à l’autre à l’âge adulte au travers de conflits, de dépendances affectives ou de troubles sexuels.
 

Que faut-il donc faire considérant ces avantages et inconvénients ? 3 déterminants importants.
 

Il y a tout d’abord une prise en compte de l’âge : il est bien plus nécessaire de dormir à proximité de son enfant lorsqu’il est nouveau-né que lorsqu’il est plus grand.

Un nouveau-né a en effet particulièrement besoin de la présence quasi-permanente de ses parents jusqu’à au moins 6 mois pour s’assurer du bon fonctionnement de son métabolisme, notamment de sa respiration et son rythme cardiaque.

Au-delà de ce temps, sauf complication, on considère que l ‘enfant est apte à pouvoir dormir sans surveillance rapprochée.  
 

Autre élément à prendre en compte, le transfert inconscient des parents. En effet, nombreux parents ont tendance à évaluer l’état psychologique ou physique de leurs enfants en fonction de leur propre appréhension. Sans se rendre compte, ils font donc un transfert  de leur appréhension sur l’état de leur enfant au point de l’influencer dans ce sens et de créer un contre-transfert des enfants.

Par exemple : Si un parent appréhende que son enfant dorme seul car il pense qu’il pourrait se sentir abandonné ou avoir peur. L’enfant peut ressentir cette crainte du parent et s’en servir pour continuer à profiter du lit conjugal.
 

Troisième élément à prendre ne compte, l’état psychologique de l’enfant : Si un enfant se sent très seul ou a très peur, il peut avoir besoin de dormir avec ses parents. Cela dit, ça devrait être temporaire.

La présence de parents pendant le sommeil peut rassurer mais si elle est permanente, cela peut générer une dépendance affective handicapante pour le développement de l’enfant.

 

Conclusion, un enfant peut dormir avec ses parents jusqu’à un certain âge. Au-delà de 6 mois, on considère que l’enfant est capable de dormir seul dans sa chambre. Le transfert des parents peut considérablement retarder cette disposition à pouvoir dormi seul.

 

Dans des cas exceptionnels, il est bénéfique que l’enfant dorme avec ses parents sans que cela soit une habitude.  

L’autonomisation du sommeil est une action difficile mais nécessaire au bon développement de l’enfant.Un enfant a généralement tendance à vouloir dormir avec ses parents.  

 

Plus l’autonomie du sommeil est retardé, plus elle est difficile à mettre en place. Il y a donc intérêt à l’introduire au bon moment et savoir faire preuve d’objectivité ou de souplesse lorsque la situation le nécessite.

En cas de complication, consulter un psychologue peut vous aider à y voir plus clair et savoir comment agir pour que votre enfant dorme sans peur et que vous dormiez sans culpabilité. Je vous souhaite de bonnes nuits.

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