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Attentats, terrorisme : Comment gérer le transfert de sa peur sur ses enfants ?

Illustration : GUY MORAD cartooniste à Yeditoh

De façon générale, vous avez intérêt à garder votre calme face aux enfants. La panique et l’angoisse ne vous aideront pas à résoudre le problème.

Cela risque plutôt de se transférer sur vos enfants et freiner leur développement intellectuel et émotionnel. Pour gérer ce transfert et éviter une paralysie psychologique, demandez-vous si la vie de votre enfant est réellement en danger. Si c’est le cas, comment protéger ses enfants sans avoir à les séquestrer ?

Comment faire pour que les enfants soient vigilants sans les conduire à de la paranoïa ?

° Pour les enfants, la conscience du danger et la capacité à gérer des situations complexes augmentent généralement avec l’âge. A moins de 13 ans, il vaut mieux préserver l’enfant de toutes informations ou images susceptibles de les perturber. S’il s’avère qu’ils ont déjà entendu ou vu des éléments concernant les évènements, vous avez intérêt à les leur dédramatiser, les réinterpréter de façon ludique et les rassurer au maximum

° Du coté des parents, votre première réaction serait d’empêcher votre enfant de sortir, voire de ne pas l’emmener au gan, aux hougims ou à l’école.

Vous pourriez être tenté de lui dire qu’il y a des terroristes dehors et que vous ne voulez pas qu’il sorte sous peine d’être poignardé. Le risque est de développer chez l’enfant une angoisse ou phobie sociale qui le poursuivra toute sa vie. Il vaut donc mieux réfléchir à ce que vous allez dire à votre enfant pour ne pas le traumatiser, trouver un moyens de sécuriser et limiter ses sorties le temps que la situation se calme, débriefer avec lui ce qu’il a vu ou entendu pour le rassurer.

 

Voici quelques réponses à des situations qui m’ont été posées :

 

Cas 1 : Que faire on si mon adolescent de 17 ans me dit « qu’il veut un couteau ou bombe lacrymogène » ? 

 

° Un couteau certainement pas. Cela dit, une bombe lacrymogène peut s'envisager "temporairement" s’il n’y a pas de retour au calme.

En attendant, si vous pouvez leur éviter d'être dans des lieux non sécurisés ça serait bien.

 

Cas 2 : Mon fils à 8 ans et une attaque au couteau a eu lieu à cote de son école. Il dit avoir peur, on a beaucoup parlé mais il a eu une vraie panique en croisant un arabe, il a peur qu’on lui tire dessus avec un fusil.  Là j’avoue être un peu désorientée ce soir, il a peur de s’endormir.

 

° Il faut d'abord savoir ce qu'il a entendu de l’événement car entendre parler d'"une attaque au couteau" apparaît plutôt crue comme information pour un enfant de 8 ans. Vous avez intérêt à travailler sa perception de la situation. Rassurez en lui disant tout d'abord qu'il ne doit pas croire tout ce qu'on lui dit et qu'il peut être tranquille car la police est présente pour protéger les civils.
 

Cas 3 : Comment faire pour ne pas transmettre la peur à mes enfants, dans la rue, je dis on ne traîne pas,  faut marcher vite, il me demande si « c’est parce qu’il y a des arabes ». .il a seulement 4 ans et a compris. Même chez moi je ne suis pas tranquille car ils refont la surface de l’immeuble et ont embauché « des palestiniens » devant nos fenêtres.. évidemment que je sursaute au moindre bruit ou que je fais taire les enfants si ils sont trop bruyants car ça pourrait les attirer de savoir qu’il y a des enfants.. je précise qu’il n y a pas de serrure à la salle de bain, seulement des trissims et une porte coulissante sans serrure donc je ne suis pas forcément peureuse mais juste en insécurité. . Mon fils de 17 mois est très perturbé il veut souvent être collé à moi… on est en train de voir avec le vaad si ils peuvent changer les travailleurs mais ça n'a pas l’air facile.. Pensez-vous que je peux rendre confiants mes enfants même dans cette situation? Si oui comment?

 

° Quoi qu'il arrive les enfants doivent être préservés de cette situation.

 

Généralement, à moins de 13 ans, vous devez leur montrer que "tout va bien" "comme si de rien n’était" sauf s'ils ont entendu ou vu quelque chose d'alarmant et que vous devez aussi les rassurer par rapport à ça et leur faire croire qu'il n y a rien de grave. Ils n'ont pas la capacité cognitive et comportementale de gérer cette insécurité. Il vaut donc mieux qu'ils soient serein (de la même façon que vous protéger vos enfants de la faim, de la soif ou de traverser un feu rouge) Faites leur croire que c'est un jeu lorsque vous courrez en leur disant "aller on fait la course". Enlevez-lui cette idée de la peur des arabes, il risque de développer des stéréotypes, préjugés et discrimination à l’égard de certains groupes sociaux et cela peut concourir à une phobie sociale ou au contraire à de la violence. Évitez seulement de l'exposer à des situations d'insécurité.

 

 

Dans un pays comme Israël, nous sommes obligés de tenir compte des contraintes géopolitiques dans lesquelles nous vivons. C’est un pays soumis à des tensions et le danger représente un moteur pour la mobilisation de ses habitants. Lorsqu’un évènement choquant arrive, cela pourra vous aider de faire preuve de « psychologie antiterroriste »  pour ne pas céder à la panique et agir pour le bien de ses enfants. Il ne faut pas hésiter à consulter un psychologue si besoin, ne serait-ce que pour une seule consultation dans laquelle vous pourriez obtenir une écoute, un diagnostic ou des conseils psychologiques.

 

Par Ariel SIMONY - Psychologue spécialiste du coaching parental  & développemental

Edité le 04/11/2015

 

*Comment parler des attentats aux enfants ? Les conseils de Catherine Dolto (VIDÉOS)

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